Et si le fait de faire autrement, voire plus, aidait à être heureux… L’idée de ce petit texte m’est venue, hier, en faisant mes courses. Je vais dans un petit supermarché du XVème arrondissement de Paris pour faire quelques achats. Un petit supermarché que j’apprécie parce que l’on met les achats des clients dans les sacs. Ce petit geste va vous paraître bien anodin mais, depuis l’âge de 20 ans, suite à une plaie accidentelle, je n’ai plus de sensibilité dans le territoire du nerf médian de la main droite, j’ai donc une main pratiquement insensible qui peine énormément à ouvrir un sac en plastic très fin.
Lorsque j’essayais d’ouvrir un sac pour prendre des fruits et légumes, un employé du supermarché repère que j’avais quelques difficultés et vient m’aider en m’ouvrant plusieurs sacs. Quelle gentillesse! Je lui ai expliqué l’importance de son aide pour moi et l’ai bien sûr remercié chaleureusement. Je fus touché lorsqu’il me dit « dans mon métier, c’est la relation avec les clients qui me plait le plus ».
Ne sommes nous pas là en plein dans ce que les américains appellent le « job crafting » ? C’est à dire cette capacité à rendre son travail plus passionnant grâce à quelques adaptations.
Une dame qui venait de faire le lit d’un patient très âgé, pratiquement inconscient, dans un hôpital, le regardait en quittant la chambre et me dit – alors que j’étais jeune interne – « il a l’air bien ». Elle avait su rendre son travail plus agréable en imaginant l’apport que celui-ci avait pour le patient.
Un employé peut rendre son travail plus agréable en proposant une adaptation de son poste de travail. Dans une filiale française d’un groupe cosmétique japonais, une dame qui travaillait sur une ligne avait proposé une idée susceptible de rendre son travail plus agréable. Il s’agissait de faire en sorte qu’un petit morceau de coton imbibé d’alcool touche le flacon opaque lors de son passage sur la ligne pour que la vérification du niveau soit plus aisée, l’alcool levant temporairement l’opacité.
Dans ces trois cas, si ce type de comportements sources de bonheur est possible, c’est parce que les dirigeants y sont sensibles, l’encouragent, voire même qu’ils montrent l’exemple.
Dans les deux premier cas, les collaborateurs savent qu’ils peuvent augmenter le sens de leur travail, ils y sont même encouragés ! Et comme le fait remarquer Susan Dominus, « la plus grande source de motivation inexploitée est le sens du service rendu aux autres ».
Dans le troisième cas, le collaborateur sait qu’il peut proposer des initiatives susceptibles d’améliorer son poste de travail, qu’il sera écouté et entendu. On le lui demande même ! On le considère donc capable d’être utile à son service, à l’entreprise.
Ces trois exemples, typiques du « job crafting » montrent bien que la qualité de vie au travail est souvent à portée de main, qu’elle nécessite parfois que l’on montre l’exemple, parfois que l’on fasse confiance pour qu’une véritable contagion s’opère, une contagion de la bienveillance, profitable à tous.