Le Bac, on s’en souvient facilement, est généralement une source de stress importante pour le lycéen et sa famille, d’une part parce qu’il s’agit souvent du premier examen passé et d’autre part parce qu’il représente un enjeu important.
Contribuer à diminuer le stress chez le lycéen passerait à mon avis par deux niveaux d’action :
Tout d’abord, une action en quatre points de la part des parents :
– Encourager quotidiennement son fils ou sa fille qui passe le Bac. Souvent, les parents sont inquiets et oublient de le faire. Or, on sait grâce à une étude canadienne que les encouragements protègent du stress. « Les encouragements au travail ont un effet protecteur contre les troubles psychiatriques. A l’inverse, une absence de soutien augmenterait de 31 % et de 43 % respectivement le niveau de stress et d’anxiété chez les hommes et les femmes ».
C’est certainement ce qui faisait dire à Christian Lemoine, le Président du CRECI (Centre de Recherche et d’Etudes sur la Communication Industrielle), « les Hommes les plus applaudis sont ceux qui réussissent le mieux ».
– Etre plus positif que cartésien. Souvent, en tant que parents, on a très peur et notre manière de gérer notre propre stress est de mettre l’accent sur les éventuelles lacunes du candidat. Il faut éviter de le faire et lui parler surtout de ses points forts. Si on doit aborder des zones de faiblesse parce que cela nous semble indispensable, il faut alors en même temps parler deux fois plus des zones de force.
– Exprimer sa passion pour l’objectif de son enfant. Si le futur bachelier sait ce qu’il veut faire plus tard, il faut lui en parler en lui montrant que cela nous passionne. S’il s’agit d’un métier proche de celui que l’on exerce, il faut lui en vanter les avantages et attendre un peu pour aborder les éventuelles difficultés. S’il s’agit d’un métier très différent de celui que l’on exerce, il faut éviter de lui laisser percevoir nos doutes quant à l’intérêt et, au contraire, exprimer notre admiration pour les personnes qui développent cette activité.
– Transmettre de l’optimisme. Là, il y a du travail. Et cependant, comment s’investir au maximum si l’on doute de la qualité du futur. Etre optimiste, n’est pas notre état habituel, il faut donc faire l’effort de l’être notamment par rapport à l’avenir. « Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme de volonté » disait fort justement Alain. Jacqueline de Romilly me déclarait un jour « nous avons un devoir d’optimisme ». Personnellement, je considère que c’est ce qui nous permet de transformer les soucis en défis et c’est plus que le moment à quelques jours d’un grand enjeu.
Ensuite, une action en quatre points de la part du Lycéen :
– Avoir un planning réaliste avec quelques plages « tampon ». L’absence de planning nous empêche de savoir où l’on se situe dans notre travail de révision et peut s’avérer très dangereux. Il est donc nécessaire et rassurant de se faire un planning qui nous prouve que l’on dispose du temps nécessaire pour réussir à faire tout ce que l’on souhaite faire. Il est tout aussi indispensable de laisser des petites plages sans activité, qui nous permettront, dans le meilleur des cas, de se détendre et dans les hypothèses moins sympathiques, de rattraper un éventuel retard. Le fait de savoir que de telles plages existent est très rassurant.
– Intégrer des moments de récupération et les optimiser : Il n’est pas souhaitable ni efficace de travailler en permanence sans jamais se détendre, on subirait un stress trop important qui viendrait altérer nos capacités intellectuelles. Il faut utiliser ces moments privilégiés pour se détendre quelle que soit l’activité, l’idéal étant bien sûr de s’adonner à une activité physique qui contribue elle aussi le plus souvent à diminuer le stress. Voir son ami ou son amie peut aussi être un bon moyen de détente, l’ocytocine libérée dans de telles circonstances contribuant à diminuer le stress. Précisons quand même qu’il ne s‘agit que de moments… et pas de journées entières.
– Avoir un objectif à court, moyen et long terme pour diminuer la pression d’enjeu. L’objectif à court terme peut être l’obtention du Bac, celui à moyen terme la réussite de ses études et celui à long terme l’exercice de la profession qui nous intéresse le plus. C’est l’existence d’objectifs à moyen et long termes qui diminueront la pression d’enjeu par rapport à l’objectif de court terme. Or, cela est important car la pression d’enjeu est source de stress plus que de performance. Souvent, on entend dire, je ne sais pas ce que je veux faire. Eh bien, c’est peut être le moment de prendre le temps de se poser la question. Quoi qu’il en soit, il faut relativiser l’objectif à court terme et se souvenir de la belle phrase du maréchal Lyautey : « lorsque la vie des Hommes est en jeu, il faut en faire un jeu pour oublier l’enjeu ».
– Se conserver des petits moments de plaisir :
Le plaisir est certainement le meilleur traitement du stress, on sait son influence sur les hormones du stress et sur celles susceptibles de réparer les dégâts causés par le stress. C’est certainement ce qui fait dire au Professeur Ethel Roskies, docteur en psychologie à l’Université de Montréal, « Un plaisir par jour chasse le stress ». C’est aussi ce qui explique que l’Université de Liège en Belgique explique à ses étudiants, que « les menus plaisirs sont à déguster sans modération ; ils stimulent notre production d’endorphines et contribuent à nous assurer un bien-être indispensable ».
En espérant que ces quelques lignes puissent aider certains. Bon courage et bonne chance à chacun !
Sur France Bleu, Philippe Rodet intervient sur le même thème >>