« Un homme qui est en route vers un projet qui le passionne est invulnérable à l’accident et à la maladie, disait Christian Lemoine, le Président fondateur du CRECI (Centre de Recherche et d’Etude sur la Communication Industrielle).
Voilà un précepte qui s’applique merveilleusement à Rémy Julienne, enfant de Montargis – et plus exactement du petit bourg de Cepoy – où il réside. Nous avons rencontré avec Philippe Rodet l’ancien cascadeur et il n’est rien de dire qu’au bout de 45 ans de carrière, l’œil de notre homme pétille toujours. 79 ans, une motivation intacte et une belle santé tant physique (malgré deux sérieux pépins) que mentale, cherchez l’erreur, ou plutôt trouvez-en le secret !
Au risque de décevoir, il n’y en a pas. Aucune potion magique, aucun élixir de jouvence. Simplement et là est bien l’essentiel, cette volonté toujours intacte de se plonger dans l’avenir en donnant un sens à ses actes, cette motivation qui lui procure autant le plaisir d’agir que… la santé.
Une flamme qui n’a pas pris une ride depuis sa participation à un premier long-métrage, Fantômas en 1964. Gil Delamarre qui fait alors référence en matière de cascades cherchait quelqu’un qui puisse doubler Jean Marais. Il demande alors avis à un journaliste de la presse spécialisée moto. Ce dernier lui indique Rémy Julienne qui a pour référence une déjà prometteuse carrière dans le moto-cross, dont il fut champion de France en 1957. De plus ce dernier présente une morphologie proche de celle du célèbre acteur. Une formidable carrière débute alors pour Rémy Julienne.
Elle connaît très rapidement un tournant capital : le décès accidentel de son mentor et ami Gil Delamarre. Un choc pour la profession et pour le jeune Montargois qui n’a alors que 26 ans. Lorsque la profession lui demande de reprendre à son compte les contrats de Delamarre, il accepte non sans avoir hésité. « J’ai dit oui, avec une certaine dose d’inconscience » admet-il aujourd’hui. Il tournera dans environ 1.400 films, long-métrages, publicités qu’il enchaînera au prix de grands risques, toujours calculés. Le secret de la longévité dans une profession très peu reconnue et si mal connue.
Aujourd’hui, la passion chez notre homme est intacte. Elle a guidé une carrière tracée dans la droiture et la sincérité auprès des plus grands réalisateurs (Sergio Leone, Sydney Pollack, Henri Verneuil, Gérard Oury, Lautner …) et au service des plus grands acteurs (Bourvil, De Funès, Gabin, Belmondo, De Niro, Delon, Bronson, Sophia Loren et l’on en passe). Cette sincérité ajoutée à un grand professionnalisme lui ont permis bien entendu de durer dans ce métier.
Tous ces paramètres ne suffiraient pas à expliquer l’extraordinaire longévité d’un parcours si brillant s’il n’apparaissait pas ce plaisir de réussir et de transmettre aux autres une expérience merveilleuse. Dresser un rapide portrait de lui serait très incomplet, sans évoquer la générosité de l’homme. Rémy Julienne ne s’est évidemment jamais arrêté à regarder son nombril ou juste le bout de son nez. Ce grand altruiste a décidé de mettre son savoir et sa pratique au service de justes causes. Implication dans la lutte contre la mucoviscidose par exemple, grâce à des expositions photographiques, diffusions de films et échanges avec le public avec lequel il se sent si à l’aise (et le public le lui rend bien !), campagnes publicitaires de prévention pour la sécurité routière auprès d’une chaîne de télévision suisse, participation à diverses manifestations dans son Gâtinais natal qu’il n’a jamais oublié, interventions auprès de jeunes sur la sensibilisation à la sécurité routière, ou encore mise au service de la justice afin de résoudre de grandes énigmes judiciaires (affaire Rezzala, du nom de celui que l’on a appelé « le tueur des trains »). L’engagement au service du bien commun, c’est son affaire, c’est peut être aussi une autre clé de sa longévité si l’on repense à « l’altruisme égoïste » si cher à Hans Selye. Transmission enfin à ces deux fils et l’un de ses petits-fils de son « virus » de la cascade et de la mécanique. Des progénitures qui tracent leur chemin dans le sillon de leur père et grand-père.
Convaincre que lorsque l’on est motivé, on vit mieux, plus heureux et plus longtemps, car on est moins victime des effets toxiques du stress est un discours qui interpelle Rémy Julienne, un discours qu’il serait prêt à relayer afin d’aider chacun à trouver la voie du… bonheur !
De merveilleux échanges ont pimenté cette rencontre en grande partie tournée vers la… motivation !
Stéphane GETTEN