Si l’on entend beaucoup parler de France Telecom depuis quelques mois, c’est avant tout en raison du nombre de salariés qui se sont suicidés, certains expliquant leur geste par leur activité professionnelle.
Aujourd’hui, on nous explique que l’homme à l’origine d’une certaine forme de management par le stress perdrait son poste de Numéro deux pour devenir… Conseiller du Président. Voici une nouvelle victime du management par le stress.
Mais, au-delà de France Telecom, combien de dirigeants sont convaincus que le stress est un facteur de réussite et qu’il faut manager par le stress pour optimiser la performance ?
On pourrait voir deux temps dans la mode du management par le stress.
Tout d’abord, l’époque où le management par le stress était source de performance, chacun paraissait convaincu.
Ensuite, devant certains constats d’échecs liés à quelques excès, un deuxième temps est apparu où l’on considérait que la performance était liée à un niveau de « stress optimal », ce qui revient à dire qu’il faut un certain niveau de stress pour être performant.
Or, qu’en est-il exactement ?
Pour répondre à cette question, le Professeur Eric Gosselin, professeur de psychologie du travail au Département de relations industrielles à l’Université du Québec en Outaouais, chercheur à IRSP/GAP-Santé, s’appuie sur une analyse portant sur 52 études, menées entre 1980 et 2006, consacrées à la relation entre le stress et performance.
De cette analyse, il ressort que la relation curvilinéaire entre le stress et la performance, c’est-à-dire que la performance augmente avec un peu de stress et diminue s’il y en a trop peu ou trop, est vraie dans seulement 10% des cas.
A l’inverse, cette même analyse montre que dans 75% des cas, plus le stress augmente, plus la performance diminue.
Aujourd’hui, alors que nous avons tous en mémoire les drames inhérents aux suicides de salariés, que ce soit à France Telecom ou dans d’autres grands groupes industriels, nous devons tous nous mobiliser pour terrasser le management par le stress. Nous y gagnerons en humanité et en… performance !