J’ai toujours été surpris par l’interaction entre le stress et l’action et j’ai aujourd’hui tendance à considérer que l’action vient diminuer le niveau de stress.
Pour illustrer mon propos, je vais m’appuyer sur plusieurs exemples vécus tout d’abord dans mon métier de médecin urgentiste puis dans mon activité actuelle.
Lors d’interventions dans le cadre du SAMU, il m’est arrivé d’avoir à intervenir sur un blessé grave, entouré de membres de sa famille. Si la famille se contentait de contempler, le niveau d‘angoisse de celle-ci était insupportable. Si la famille agissait, même de manière symbolique, l’atmosphère était plus détendue.
En 1993, dans un cadre humanitaire, j’ai eu l’occasion d’aller à Sarajevo. A trente kilomètres de la ville, on entendait les obus tomber sur la ville à une fréquence tellement élevée que le bruit de la détonation de l’un était interrompu par le vacarme de l’explosion du suivant. A ce moment là, mon degré de stress était majeur. Une fois arrivé dans la ville, en pleine action, le niveau de stress était moindre.
Lorsque l’on doit prendre la parole en public, avant d’intervenir, on ressent un niveau de stress significatif qui disparait dès les premières phrases prononcées.
L’action vient donc diminuer grandement le niveau de stress mais elle permet aussi de transformer des faiblesses en forces !
Un homme d’une trentaine d’année, ayant fait une brillante formation dans une grande école de commerce vient un jour me voir car il ne parvenait plus à exercer son activité de commercial. Il se sentait tellement mal à l’aise vis-à-vis de ses interlocuteurs qu’il perdait une grande partie de ses moyens. Un matin, son supérieur hiérarchique lui explique qu’il va devoir changer d’activité s’il n’est pas capable de s’adapter. Cet homme désespéré me précise que son supérieur hiérarchique a raison, qu’il ne peut pas exercer une telle activité en raison de sa timidité qui le paralyse. Je lui explique alors que sa timidité et la sensibilité qui y est associée peuvent devenir des atouts pour lui, qu’elles peuvent lui permettre de découvrir dans le discours de son interlocuteur des éléments de langage qui lui permettront de sentir un éventuel doute, un moindre degré de conviction et d’adapter alors son propos. Il pourra aussi repérer plus facilement le canal de communication de son interlocuteur… Quelques semaines plus tard, notre homme a repris son travail et prendra un réel plaisir à devenir de plus en plus performant en analysant de mieux en mieux le discours de ses clients. Lorsqu’il craignait le regard et le jugement de l’autre, il était paralysé par le stress. Lorsqu’il passe en mode actif et va puiser chez l’autre des éléments précis, son stress diminue au point de ne pratiquement plus le gêner.
Alors, face à certaines situations de stress, encourageons l’action !