S’il y a des formules que je trouve belles, « l’intelligence collective » en fait partie. Je suis tenté d’y voir un parallèle avec la notion juridique d’affectio societatis, c’est à dire l’envie de poursuivre ensemble une œuvre commune.
Si l’on sort cette notion de son concept juridique, je retiendrais trois mots : Envie, ensemble, œuvre commune.
L’envie de travailler ensemble à la réussite de l’entreprise. Mais qui peut bien provoquer cette envie ? Il y a bien sûr, la finalité de l’entreprise mais aussi la qualité des relations entre les salariés. Antoine de Saint-Exupéry disait « s’aimer, ce n’est pas se regarder l’un, l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction ». Dans le cas de salariés, la direction commune peut être la finalité de l’entreprise et l’amour peut être la qualité des relations.
Travailler ensemble, en bonne intelligence, passe peut-être avant tout par la qualité du collectif de travail, c’est à dire par la qualité des relations humaines, des relations qui doivent être riches de solidarité car celle-ci génèrera de l’amitié, pour ne pas dire de l’affection. Parti de l’affectio societatis, on en est presque arrivé à l’affection sociétale.
La notion d’œuvre commune met bien en évidence l’intérêt de la finalité, une finalité qui sera d’autant plus mobilisatrice qu’elle sera riche de sens.
Les clés susceptibles d’ouvrir la voie de l’intelligence collective seraient donc : une finalité riche de sens et des relations de solidarité entre les salariés.
De nombreuses études ont mis en évidence l’influence du sens sur la santé des salariés. Plusieurs expérimentations ont montré l’importance du sens dans la performance.
Des relations de solidarité entre les salariés sont possibles. J’ai connu des entreprises où ces relations étaient encouragées et où chaque manager devait imaginer l’aide qu’il pourrait proposer à ses collaborateurs avant que ceux-ci la lui demande. Les relations humaines y étaient exceptionnelles.
L’intérêt de relations humaines de grande qualité est que celles-ci débouchent à la fois sur du bien-être et sur de la performance. Elles sont sources de bien-être parce qu’elles sont à l’origine de plaisir et, on a vu que le plaisir est un facteur de protection du stress. Elles génèrent de la performance parce que chacun se sent utile à la bonne marche du groupe. On pourrait dire en passant que le fait de prendre conscience de l’utilité de sa mission génère du bien-être mais… faisons simple.
Les fourmis, réputées pour leur intelligence collective, ont bien une finalité riche de sens, la survie de l’espère et des relations de grande solidarité.
Dans l’entreprise, si l’on veut cultiver l’intelligence collective, il semble nécessaire de faire en sorte que chaque salarié se sente solidaire, connaisse la finalité et y trouve du sens. Ainsi, on alliera « bien-être et efficacité au travail ». Un bien bel objectif….