Dans une période où l’on parle du dopage des cadres, la tribune du mois de décembre, publiée par Philippe Rodet sur le site de Ressources Humaines, Focus RH, est intitulée ce mois ci Comment se motiver ? En une phrase, quelles sont des clés susceptibles d’augmenter nos capacités à réussir tout en étant en bonne santé.
Avoir un but lointain…
Le but lointain pourrait être défini comme le rêve. Un dirigeant d’entreprise m’expliquait que son rêve serait d’être le leader européen dans son domaine. Un but ambitieux est l’un des éléments clé de la motivation dans la mesure où il aide à mobiliser l’énergie dont le leader a besoin pour réussir. Le célèbre psychologue d’origine hongroise, père de la notion de flow, Mihaly Csikszentmihalyi, explique que « le but fournit de l’énergie pour la vie ».
Si le rêve est riche de sens, il sera encore plus efficace. Gary Hamel, le président-fondateur de Strategos, cabinet international de conseil en stratégie basé à Chicago, professeur invité de la Harvard Business School et de la London Business School, explique que le sens intervient comme « un catalyseur émotionnel » alors que « l’optimisation de la richesse n’a pas le pouvoir de mobiliser pleinement les énergies humaines ». Cette présence de sens est d’autant plus essentielle que l’intéressé appartient à la génération Y. L’économiste américaine, Sylvia Ann Hewlett a constaté que la génération Y attend des récompenses d’une autre nature que simplement financière. L’influence de son travail sur la société est pour elle un levier majeur. Blake Mycoskie, le fondateur de « Tom Shoes », une société américaine de chaussures, est un chef d’entreprise américain typique de la génération Y. Lorsque son entreprise vend une paire de chaussures, elle en offre une paire à un enfant vivant dans un pays en voie de développement…
Il est essentiel de penser le plus souvent possible à son rêve. Un jeune étudiant en médecine avait cultivé cet aspect en mettant au-dessus de son plan de travail une photo d’un chirurgien en train d’opérer. Le support visuel aide à penser régulièrement à son but et à trouver, sans s’en rendre forcément compte, des astuces pour parvenir à le réaliser.
Il est tout aussi important de parfaitement formuler son but, afin de bien s’en imprégner et de mieux prendre conscience qu’il est accessible. Si un jeune DRH veut être le DRH dans un grand groupe du CAC 40, il ne suffit pas d’écrire cette phrase de la sorte, il faut la rendre convaincante. Ainsi, elle deviendrait : « Demain, je veux être un DRH d’une grand groupe du CAC 40. C’est possible parce que certains DRH de ces structures ont la même formation que moi. C’est possible parce que ma passion pour l’Humain m’aide à comprendre de nouveaux enjeux. C’est possible parce que j’ai des capacités de travail importantes. »
Avoir des objectifs intermédiaires…
Les objectifs intermédiaires aident à atteindre son rêve. On a tous en mémoire cette anecdote des nageurs de combat. Un groupe de nageurs largués en mer doit rejoindre la côte sans objectifs intermédiaires, un autre groupe a des bouées régulièrement réparties sur le parcours, bouées qu’ils doivent toucher lors de leur passage. C’est dans le groupe qui a des bouées, véritables objectifs intermédiaires, que les résultats sont les meilleurs.
Les objectifs intermédiaires doivent être fixés au bon niveau et conduire au rêve en s’appuyant sur une courbe d’allure exponentielle et non sur une droite. Si l’on fixe ses objectifs intermédiaires sur une droite, les premiers objectifs sont très hauts, ce qui risque d’être source de stress et de découragements. Sur une courbe d’allure exponentielle, le premier objectif à un an est possible à atteindre et de ce fait, comme on verra la réussite de cet objectif se réaliser de jour en jour, on croira de plus en plus à la possibilité d’atteindre notre rêve. Chaque année, on fixe un nouvel objectif à un an en s’appuyant sur la même courbe. Il est légitime de s’interroger sur la difficulté de réaliser l’objectif à un an lorsque la courbe sera dans sa partie rapidement croissante. Cette partie de la courbe est tout aussi possible à réussir dans la mesure où d’ici là, si tous les objectifs à un an ont été menés à bien, des soutiens de différente nature seront mobilisés et rendront l’ascension possible.
Le premier objectif, celui à un an, doit être au bon niveau, c’est ce qui aidera à entrer dans un état de « flow » cher à Mihaly Csikszentmihalyi. L’état de flow est un état de concentration optimale où l’on prend conscience de ses progrès, de son utilité… Le bon niveau de l’objectif serait celui qui serait légèrement au-dessus de ses capacités, plus générateur de plaisir que de stress. Le principe du « flow » est repris dans certains jeux électroniques qui adaptent leur niveau en fonction de celui du joueur afin de permettre à celui-ci de progresser et de ce fait de continuer à… jouer ! C’est une puissante source de motivation.
Cultiver son sentiment d’efficacité personnelle…
Plus le sentiment d’efficacité personnel est élevé, plus la persévérance est forte et plus l’optimisme est grand, éléments incontournables de la réussite. Pour ce faire, un outil est aussi simple qu’efficace, il s’agit du carnet des petits succès. Sur un petit carnet, il s’agit de noter ses petits succès. Lorsque l’on en note un nouveau, on revoit avec plaisir les précédents et progressivement, on devient persuadé que dans son domaine, on est… bon !
Il existe bien sûr d’autres clés, il ne s’agit pas ici de les énumérer toutes mais de montrer qu’elles contribuent aussi à la réussite en améliorant la santé, notamment en diminuant les effets du stress.
Le sens est un levier de motivation protecteur du stress et source de santé parce qu’il aide à prendre conscience de l’utilité de son activité. Ensuite, le fait d’avoir un objectif possible à atteindre permet de réussir et d’en tirer un véritable plaisir, très protecteur, lui aussi, des effets du stress.
En outre, voir son premier objectif comme un objectif intermédiaire d’un rêve aide à diminuer la pression d’enjeu inhérente à la réussite de ce premier objectif. Il devient presque un jeu… La pression d’enjeu, génératrice de stress, diminue donc considérablement.
Enfin, plus le sentiment d’efficacité personnel est élevé, plus le niveau de stress est bas.
Il est donc possible de se motiver et de pouvoir ainsi allier réussite, santé et… bonheur !
Le fait d’être motivé rend plus persévérant, plus confiant, et aussi plus performant sur le plan intellectuel en aidant à mieux penser la complexité.
C’est aussi un bon moyen de diminuer son niveau de stress et donc d’améliorer sa santé.
Enfin, la motivation, génératrice d’émotion positive, rend plus sociable et, en raison du caractère contagieux des émotions, contamine les proches, les aidant à se sentir mieux. Le bonheur est alors à portée de main.