Cela peut paraître utopique de ne ressentir aucun stress ou douleur chronique, c’est pourtant le cas d’une Écossaise de 66 ans qui se croyait tout à fait normale. Pour savoir qu’elle se brûle, il lui faut attendre de sentir l’odeur de peau brulée ! Et lorsqu’elle se blesse, sa peau cicatrise très rapidement et extrêmement bien. C’est seulement à la suite d’une opération chirurgicale du pouce normalement très douloureuse qu’on a découvert sa spécificité. Son cas a immédiatement intéressé des chercheurs du monde entier : Américains, Canadiens, Qataris, Anglais et Écossais. Ils ont découvert que c’est une mutation génétique qui lui permet de ne ressentir ni stress, ni douleur. Autrement dit ils pourraient avoir découvert le gène du stress.
Une opération chirurgicale normalement douloureuse à l’origine de cette découverte
James Cox, le chirurgien ayant mené son opération du pouce très douloureuse a constaté que cette patiente ne réclamait aucun antalgique, il s’est alors questionné. En posant quelques questions à cette patiente un petit peu différente, il s’est rapidement rendu compte qu’elle avait une particularité. Victime de fractures, de coupures ou encore d’arthrose à la hanche à un stade avancé, Jo Cameron ne se plaignait d’aucun désagrément. Et lorsqu’elle mange des piments très forts, elle apprécie la sensation de « douceur plaisante » en bouche ! James Cox en a parlé à différents confrères chercheurs qui ont tout de suite souhaité en savoir plus. Il a cosigné cette étude publiée dans le British Journal of Anaesthesia (en anglais).
Une mutation génétique à l’origine de ce « don »
Les chercheurs ont observé qu’elle possède une spécificité au niveau de son génome : une petite partie du gène appelé FAAH a été supprimée donnant ce que les chercheurs appellent le gène FAAH-OUT. Le gène FAAH agirait notamment sur le système nerveux central, la mémoire liée à la peur, l’anxiété et la dépression. Grâce à cette modification génétique – le gène devenu FAAH-OUT – la douleur et le stress n’arrivent pas à la conscience. La compréhension de l’action de ces gènes offre de nouvelles perspectives pour soigner les troubles liés à l’anxiété et aux douleurs chroniques.
De nouveaux traitements envisagés grâce à ce « gène du stress »
Des centaines de millions de personnes dans le monde souffrent de douleurs chroniques et de stress. Cette découverte permet d’imaginer de nouvelles pistes pour concevoir des traitements plus efficaces en tentant d’agir de la même façon que le gène FAAH-OUT. Nous vous tiendrons informés des futures découvertes à ce sujet.
Retrouvez l’étude originale ici (en anglais), et l’article consacré à Jo Cameron sur Courrier International ici.