Depuis une quinzaine d’années, les entreprises, d’abord les plus grandes puis, de proche en proche, de toutes tailles, se sont saisis des enjeux sociaux, sociétaux et environnementaux.
Des politiques RSE ont vu le jour, des spécialistes de ces sujets ont été recrutés et des agences de notation extra-financières se sont créés.
Ces dernières ont développé de nombreux critères de notation visant à mesurer objectivement la qualité des engagements des entreprises dans de très nombreux domaines (production d’un bilan carbone, mesure de la consommation énergétique, règles de gouvernance, respect des principes de non-discrimination, …).
Les politiques RSE des entreprises sont ainsi, progressivement, entré dans une logique technique et quantitative.
On doit, bien sûr, se réjouir de ce que les entreprises, acteurs majeurs de la cité, considèrent comme relevant de leur rôle de veiller à l’équilibre de la société et à la préservation de la planète.
Mais, les priorités de ces politiques d’entreprises, orientées par la méthodologie des agences de notation ne tiennent pas – ou pas suffisamment – compte de la dimension managériale.
Chacun comprend pourtant qu’un management bienveillant, c’est-à-dire propice au développement de la personne humaine, est à la fois un levier de motivation des équipes et de protection de leur santé ainsi que de performance individuelle et collective. Il devrait être au cœur des politiques de responsabilité sociale des entreprises.
Le développement de ce mode de management apparaît d’autant plus nécessaire que le niveau de stress vécu ou perçu par les salariés ne cesse d’augmenter et que l’engagement au travail s’effondre. À cet égard, les résultats d’une récente enquête de Gallup sont sans équivoque : seuls 7% des salariés Français se déclarent engagés.
S’il est vrai que les actions de RSE développées par les entreprises peuvent être un motif de fierté pour leurs collaborateurs, elle ne suffisent pas à garantir les conditions de leur engagement.
C’est un modèle managérial respectueux de la personne humaine, créant les conditions de l’envie au travail par la motivation et le respect qui le permet.
L’heure est donc venue de faire converger Responsabilité Sociale, Sociétale et Environnementale et Responsabilité Humaine des entreprises.
Intégrer pleinement la qualité des modes de management dans l’appréciation portée sur les politiques de RSE des entreprises serait porteur de sens, de performance et d’espérance.
Yves Desjacques et Philippe Rodet, co-auteurs du livre : Le management bienveillant